C'en est fini de la démarche de " métropolisation " engagée par le gouvernement. Elle visait à céder de nouvelles compétences à la métropole. Le département s'en sentait alors dépossédé. Le mouvement des "Gilets Jaunes" a changé la donne. Alain Juppé a dit non et l'a fait savoir au gouvernement.
Alain Juppé, président de Bordeaux Métropole, jette l'éponge. Et avec cette décision, c'est toute la démarche de métropolisation qui part aux oubliettes. Engagé dans ce projet, Alain Juppé ne semblait plus aussi convaincu ces derniers temps. Finalement, il en a informé le gouvernement.
" L'actualité récente est passée par là..." dit-on dans son entourage. La fracture territoriale mise en lumière par le mouvement des "gilets jaunes" aura enterré "la métropolisation".
Cette démarche, voulue par le gouvernement, consiste à donner à la métropole et sur son territoire, les compétences jusqu'à présent dédiées au conseil départemental. (collèges, routes et dépenses de solidarité notamment). L'objectif de cette métropolisation est de mieux coordonner les politiques publiques en évitant les doublons et en réunissant les compétences éclatées entre les deux institutions.
" Il n'était pas contre le principe mais avait émis des réserves" rappelle son entourage lorsqu'il avait rencontré Emmanuel Macron sur le sujet en octobre dernier.
Le risque d'une fracture
Compétences, et répartition des enveloppes financières donc. Le patron du département, farouche opposant à cette démarche depuis la première heure, y voyait surtout un risque évoqué lors de ses voeux il y a quelques jours. Un risque de déséquilibre des territoires alors que les signaux sont déjà au rouge selon lui.
" Les fractures territoriales qui existent au sein de la métropole et en Gironde entre la métropole dense, sa première couronne, les zones d'habitats diffus, les zones rurales et littorales et qui sont la raison de la mobilisation forte que nous connaissons. La métropole est bien dotée en équipements et en services et cela crée parfois un sentiment de relégation dans territoires ruraux."
" La métropole bordelaise n'est pas repliée sur elle-même. "
Bordeaux des nantis vs territoires ruraux en souffrance. Voilà ce discours présent dans les manifestations des " gilets jaunes" qu'Alain Juppé s'efforce de combattre depuis plusieurs semaines. Alors pour renouer le dialogue, répondre au sentiment de relégation, Alain Juppé a lancé l'idée d'assises des territoires. C'était à l'occasion de ses voeux à la presse le 9 janvier.
Je lance un autre appel. Un appel au président du conseil départemental de la #Gironde et au président du Conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine. Je propose que nous organisions des assises du territoire. La métropole bordelaise n'est pas repliée sur elle.
— Alain Juppé (@alainjuppe) 9 janvier 2019
La vie de la " démarche de métropolisation " ne tenait plus alors qu'à un fil. Et le patron du département ne voulait y participer qu'à condition de son abandon par le patron de la métropole.
Pour Jean-Luc Gleyze, à la tête du conseil départemental, " C'est une bonne nouvelle pour la Gironde. Il est important que nous gardions une vision girondine d'ensemble".
Le rendez-vous n'est pas fixé mais il n'y a plus d'obstacle à la tenue de ces Assises qui devront établir des solidarités entre les territoires auxquelles devrait participer également Le patron de la Région Aain Rousset.
Au plan national, le projet a du plomb dans l'aile. Lille et Nantes se sont déjà retirées à la fin de l'année 2018. Il reste encore Toulouse Métropole Haute-Garonne et Nice Métropole Côte d'Azur encore engagées pour fusionner à l'horizon 2020.